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Un Grand Bazar
31 octobre 2007

Halloween

Happy_HalloweenComme annoncé précédemment (ouaip, un edit de "l'annoncé précédemment", et alors ?), voici un 'tit texte débile pour Halloween, parce que je l'avais déjà écrit. C'est vieux, ça a déjà quelques mois, mais comme je n'écris plus beaucoup (manque de temps et d'inspiration, les deux viennent ensemble, c'est la classe)... Enfin, ça se voit, il suffit de faire un minimum attention aux dates des posts.

Bonne lecture malgré tout !

Halloween

            Les yeux fermés, j’écoute le silence, mal installée dans mon lit. Je peste mentalement contre cet inconfort que je n’ai pas choisi. Ah, vivre riche ! Dormir comme une riche. Manger comme une riche. S’amuser comme une riche. Puis, finalement, enfin mourir riche ! Tout un confort, tout un rêve, tout un idéal…

Mais vivre pauvre… Ah, non ! Les humains se font trop facilement prendre au piège et finissent par en oublier l’essentiel. La planète est importante. Elle est maintenant notre pire ennemi. La pollution rend malade. Je suis vraiment bien placée pour le savoir… Elle rend malade. Elle détruit impitoyablement les poumons. Elle tue. Chaque année, tant et tant d’êtres meurent de cette création humaine… Et on continue à détruire la Terre, sans même se rendre compte de ce que cela entraînera bientôt.

Ah, me voilà repassée dans ma phase « écologiste ». Si c’est pas malheureux, tout ça… Je suis là, en train de me désespérer sur le sort de cette pauvre planète, dont les gens n’ont plus rien à faire… C’est assez pitoyable.

D’un autre côté, si moi je n’y pense pas, qui d’autre prendra donc le temps de s’inquiéter pour la Terre ? Moi, j’ai encore la possibilité d’y réfléchir à loisir, du sort de notre pauvre planète…  En fait, il ne me reste que la réflexion.

            Allez, fini de penser à tout ça ! Ca réussirait presque à me plonger en pleine dépression. J’ai même parfois l’impression que la douleur dans mes poumons revit. Ah, elle est bien bonne, celle-là !

Ce lit m‘énerve prodigieusement. Pourquoi donc suis-je si pauvre ? Je le sais, en fait. Difficile de travailler avec ma maladie. Difficile de payer le médecin censé retarder le jour de ma mort à l’aide de sa science…

J’aurais aimé que, parfois, ma poche soit davantage remplie, et que mon estomac en fasse autant.

Ah, zut ! Je commence à m’apitoyer sur mon pauvre sort, moi ! Bon, résumons, les sujets de réflexion à éviter désormais sont donc : notre malheureuse planète et mes poumons malades. Mouais… Voilà qui réduit grandement le nombre de mes idées. Qu’il est malaisé de tenir une conversation intéressante avec soi-même, parfois !

            Dehors, il doit maintenant faire nuit noire. J’aime la lune, quand sa pureté n’est pas voilée par d’atroces nuages de pollution… Ah, mais vraiment, c’est une obsession ! Quoi que je pense, j’en reviens à ça, on dirait… Quoi que je fasse… Je ne vais tout de même pas me priver de la pâle lumière de la lune pour si peu !

Quoi que… « Si peu », « si peu »… C’est vite dit. C’est tout de même ça qui m’a rendue aussi malade. Ouais, en fait, ça doit être pour ça que je déteste autant cette satanée pollution. Déjà, avant tout ça, voir de la neige noire me déprimait totalement. Elle était grise, autrefois, je m’en souviens ! Oui, quand j’avais huit ou neuf ans et que je jouais dehors, les rares fois où il neigeait, la neige était d’un gris si doux… Et quand j’étais vraiment petite ? Blanche, paraît-il. D’une couleur que les adultes prétendent si pure qu’on pouvait rester plusieurs heures à la contempler, sans pouvoir s’en lasser. Hé oui… C’est ce que les gens disent, depuis quelques années. Je les ai entendus en parler, parfois Et ils regrettent, les rares fois où il neige encore. Ils regrettent l’ancienne Terre, rien qu’un instant. Ils se souviennent. Ils soupirent. Ils se rendent compte de ce qui s’est passé. Puis ils oublient. Mais cette historie de neige blanche, je n’y crois qu’à moitié. Je ne sais plus comment c’était, avant. Gris ? Blanc ? Peu importe maintenant que le monde est noir de suie.

            Tiens, on dirait bien qu’il y a du bruit, dehors. C’est normal, les enfants viennent très certainement réclamer des bonbons. Ils ont bien le droit de traîner un peu dans le voisinage. Après tout, nous sommes déjà le 31 Octobre. Ah, ça me rappelle ces nuits passées à sonner à chaque porte, bombes de peinture fraîche à la main, pour réclamer des friandises. Ce que le temps peut passer vite, parfois. Et pourtant, je ne m’amuse pas spécialement, moi. Eux si, très certainement, à entendre leurs rires.

J’essaie de les imaginer, ces petits fantômes, zombies, momies, vampires plein de vie, et autres sorcières. Portent-ils bien tous leur masque hygiénique, devenu obligatoire, à cause des nouvelles maladies véhiculées par l‘air vicié ? A quoi ressemblent-ils donc, ces jeunes loups-garous à la face cachée, ces diablotins et jeunes démones infernales aux visages masqués ? Les portent-ils bien tous, ou ont-ils choisi, inconscients du danger, de désobéir à leurs parents et de les enlever, pour goûter les friandises ?

L’envie irrésistible me prend d’aller vérifier tout cela par moi-même. Allez, juste un coup d’œil, rapide. Et, si jamais ils ne respectent pas les consignes… Allons, ce n’est pas parce que c’est aujourd’hui Halloween qu’il faut agir de manière inconsidérée ! Juste un coup d’œil. Oui, juste un rapide coup d’œil… Une petite engueulade, s’ils ne portent pas leurs masques. C’est tout.

            Doucement, je me redresse, me glisse hors de mon lit, silencieusement, et commence à monter. Lentement, sans le moindre bruit, je sors de ma petite demeure… Je les aperçois. Ils jouent et rient joyeusement. Heureuse de sortir un peu, grisée par ces rires, je m’assieds à l’entrée de ma petite maison et contemple quelques secondes la lune, avant de me tourner vers eux. Ils ne m’ont pas vue.

« Les enfants ? »

Ils s’arrêtent soudain de rire. Comme un seul corps, ils font volte-face.

« Que… »

La sorcière qui vient de me parler écarquille ses yeux, qui deviennent deux puits où l’horreur se reflète.

« Les enfants… Ecoutez… Oui, écoutez ! Remettez vite vos masques, si vous ne voulez pas finir comme moi. »

Ils s’enfuient. Je soupire. Ah ! Ils ont oublié leurs bonbons. J’essaie d’en attraper un, machinalement, pour le manger… Sans corps, la tâche s’avère évidemment impossible. Je l’ai laissé en bas. Je soupire de nouveau, avant de me retourner vers ma demeure. L’épitaphe indique clairement : « Tuée à dix-sept ans par l’inconscience de l’humanité ». Bon, mon corps m’attend plus bas.

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