Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un Grand Bazar
29 septembre 2007

Mains sanglantes

la_mutil_e_aux_rosesAllez, une petite bêtise de plus sur ce blog. D'ailleurs, c'est le 40eme. Plus d'un mois après le précédent, d'ailleurs. Entre temps, j'en ai écrit deux autres, pas trop le temps.

Bon, vais faire court. C'est fini, bonne lecture.

Mains sanglantes

J’ai tué ma sœur. Pas parce qu’elle m’agaçait ou quoi que ce soit. Non, j’ai tué ma sœur, comme ça. Avec le couteau de cuisine. Pour voir ce que ça me ferait. Elle n’a rien dit. Elle ne m’a pas vue approcher. Et je l‘ai tuée, comme ça, si facilement…

J’ai tué mon frère. Lui, il l’avait mérité, il a voulu appeler la police en voyant le corps de sa sœur jumelle, étendu, sans vie, à mes pieds, et mes mains, mes mains rouges de sang. Comme s’il avait demandé à mourir. Je l’ai donc tué. Pas égorgé comme elle. Il me voyait, il a voulu courir. J’ai dû planter le couteau de cuisine dans son dos. Il y a eu ce bruit, étrange, son petit cri… C’est fou ce qu’il peut être lourd, mon frère. Mais du coup, le couteau a quitté son dos tout seul, si simplement. Ca me fait penser aux trahisons. « Poignarder dans le dos ». Une expression qu’il a tellement utilisée.

J’ai tué ma mère. Elle, par contre, elle a eu le temps d’appeler la police. Dommage. Ce n’était même pas amusant. Maintenant, ses cheveux sont tous collants, poisseux, rougis par le sang de ses enfants. C’est amusant.

J’ai tué mon père. Coups de couteau dans son gros ventre, puis coup de couteau dans la gorge. Ca marche tellement mieux. Note pour l’avenir, visez le cou directement fait gagner du temps. Je traîne son corps vers la cuisine. Ma sœur, mon frère, ma mère, mon père sont tous là, rassemblés, ils me fixent de leurs yeux vides…

Je les ai tués. Et pourtant, je ne ressens rien. Non, ce n’est pas tout à fait vrai. Je sens sur mes mains la douce chaleur du sang versé. C’est une sensation si belle. J’aime cette couleur, rouge, j’aime cette odeur, envoûtante, j’aime tout de cette atmosphère étrange. J’aime le sang.

Puis la police est arrivée. J’ai tué les premiers qui ont tenté de m’arrêter. Ils n’ont pas le droit. Ils sont tous inutiles. Idiots. Mauvais. Leur cruauté n’a d’égale que leur stupidité. Et ils sont si égoïstes… Incapables d’avancer après avoir vu les cadavres. Le premier qui s’approchera maintenant mourra aussi, ils le savent. Aucun n’accepte d’être celui-ci. Pourtant, si certains acceptaient de se sacrifier, certainement ils pourraient m’arrêter… Je souris à l’homme le plus proche. Il tremble. Ils n’ont pas le droit de se servir de leurs armes à feu. Parce que je suis un enfant. Je ne suis qu’une petite fille… Une personne innocente… Mais j’aime le sang.

Je souris de nouveau au policier. Je lui montre tranquillement mes mains sanglantes, rouges, rouges, rouges. Encore un sourire.

« Vous savez, Monsieur le policier, je vais guérir le monde. Il ne faut pas qu’on reste en vie, nous tous… »

Il tremble davantage encore.

Les humains sont peureux. Pourquoi ne voient-ils pas le futur que je leur propose, si merveilleux ? Ils suffiraient qu’ils fassent un pas, chacun, l’un après l’autre, et la planète leur en serait tellement reconnaissante… Mes mains sanglantes les attendent. Ce n’est pas parce que je n’ai que quatorze ans que je ne sais pas ce qu’il faut au monde.

Ils ne bougent toujours pas. Je m’assieds sur le corps de mon père, tranquillement, sans les perdre de vue et continue à attendre. Ils n’osent pas entrer davantage dans la pièce, et ceux qui y sont déjà meurent d’envie d’en sortir, cela se voit. Les cadavres de ceux qui avaient été ma famille ne doivent pas être étrangers à cette situation. Mes mains rouges doivent les effrayer aussi.

« Vous ne voulez pas entrer… »

Un homme s’avance. Ce n’est pas un policier. Il n’en porte pas l’uniforme. Peut-être travaille-t-il dans la psychiatrie ?

« Ecoute, ma petite... Acceptes-tu de me laisser entrer ? »

On dirait que j’ai vu juste.

« J’aimerais comprendre pourquoi une grande fille comme toi s’est mise en colère au point de frapper ses parents avec un couteau. »

Il doit lui-aussi se fier à mon physique. Non, l’enfant que vous avez devant vous n’a pas fêté ses dix ans tout récemment. La fillette aux mains sanglantes est plus âgée que vous semblez le croire. Mais j’aime me faire passer pour plus jeune, bien plus jeune que je ne le suis réellement.

Je veux un monde plus beau. Un monde sans humains, un monde pur. Est-ce donc si compliqué à comprendre ?

« Alors, je peux entrer ? »

Il semble prendre mon silence pour un « oui ».

« Bien… »

Je le fixe d’un œil surpris. Comment ? Il ose m’approcher ? Je lève mon couteau, goutte de sang qui tombe et vient rejoindre la flaque rouge au sol.

« Non, non ! Ne m’attaque pas… »

Il est stupide. Tellement idiot. Il s’agenouille, persuadé qu’il m’a apprivoisée.

Le couteau s’abat. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois. Six fois. Sa gorge, percée de toutes parts, laisse s’écouler un flot de sang, véritable fontaine rouge. C’est beau. Tellement joyeux. On croirait voir un feu d’artifice. Un dernier coup de couteau, explosion de joie, sang qui gicle. Je sers contre ma poitrine la tête fraîchement tranchée.

Je lève les yeux, fixe tranquillement ces humains qui me font face. Parmi eux, une femme semble se demander ce qu’elle fait là. Elle n’était pas parmi les premiers arrivés. Je lui souris. Elle va mourir.

Devant moi, l’homme continue de trembler.

« Que faîtes-vous ici, Monsieur ? »

Il me regarde. Je crois que lui-même ne sait plus très bien la raison qui l’a amené dans ma maison. Il est au bord de la folie.

« Je veux un monde qui soit beau, Monsieur… Je veux que les humains ne souffrent plus jamais. »

Ses yeux descendent vers mes mains sanglantes. Il a toujours peur. Je viens tout juste de lui promettre la fin de la souffrance. Je vais donc lui offrir la fin du monde, ou, du moins, la fin de l’espèce humaine.

Un sourire, encore. Mon couteau sauvera ce monde. Je veux un monde parfait, construit sur le cadavre de l’humanité. Toute ma vie, je traquerai les humains et les tuerai. Je veux cet avenir sans cruauté.

Une détonation. L’homme le plus proche a tiré. Je crois qu’il m’a ratée… Ah non. J’ai mal. Ce rêve devait-il réellement mourir si tôt ? Ce que je voulais… Douleur dans la poitrine… Moi, tout ce que je voulais, c’était ça… J’ai du mal à respirer… Je voulais juste guérir ce monde. Le guérir de cette humanité qui le ronge. Pas mourir comme ça.

Publicité
Publicité
Commentaires
Y
très belle histoire, et bien écrite en + de cela ;) comme toujours :) jtdr la miss, continue t'es histoires, elles nous font rêver ds un sens ^^
P
Comme dit sur msn, j'ai bien aimé cette fic, si, vraiment...
Un Grand Bazar
Publicité
Archives
Un Grand Bazar
Albums Photos
Publicité