Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un Grand Bazar
28 août 2007

Grizzli

fillette_panth_reBon, ben, voilà, la fin de l'été (ou, du moins, des vacances scolaires) est proche. J'espère que vous en avez bien profité ^^" !

Je vous sers un truc écrit il y a déjà plusieurs mois, et il m'en reste des plus anciens encore ! (finalement, j'ai toujours un peu de marge, même s'il serait temps que je termine les deux trois en cours et que je corrige les plus récents)

L'image ne me plait pas plus que ça (la demoiselle est chou, mais la panthère est franchement énorme, non ?).

J'ai dû écrire ça au lycée. Enfin, on s'en moque. Bonne lecture !

Grizzli

« Hey Grizzli ! Tu viens ? »

Le chien aboya. Oui, il venait, et avec joie ! Il se précipita vers son maître, auquel il lécha gaiement la main.

« Tout doux, le chien ! Allez, on embarque ! »

L’animal ne comprit évidemment pas. Il continuait à courir autour de l’automobile, laissant paraître sa joie de simplement vivre, d’être là, avec ses maîtres adorés, bien nourri, et cela en échange de quelques aboiements agressifs face aux menaces de l’extérieur. Les enfants courraient avec lui, lui caressaient amicalement le poil, et la petite fille vint même poser son petit nez sur sa truffe, avant d’éclater de rire.

« Bon, les enfants ! Fini de jouer ! reprit la voix sévère du père. Dépêchez-vous de monter dans la voiture ! »

Aussitôt, les deux gamins abandonnèrent l’animal pour s’installer confortablement sur la banquette du milieu. Le gros véhicule à sept places était bien sûr une fantaisie, la petite famille n’avait rien à faire d’une telle voiture. Mais on l’avait récupéré gratuitement, un riche oncle, dont les enfants étaient maintenant adultes, l’ayant généreusement offert. Et on pouvait ainsi y transporter le chien, grâce à la banquette supplémentaire à l’arrière.

« Grizzli ! Ta place à toi est derrière ! Allez, dépêche-toi ! »

Le chien lâcha l’ancienne balle de football du petit garçon (personne d’ailleurs en l’apercevant n’aurait admis qu’il avait pu s’agir un jour d’un ballon), avant de se précipiter enfin dans la voiture, qui démarra aussitôt que la fillette eut claqué la portière.

« Les enfants, par pitié, faîtes taire ce satané cabot ! gronda tout à coup la mère, que les (rares) aboiements  de l’animal exaspéraient.

-Oui, maman… murmura doucement la fillette avant d’ajouter, à peine plus fort, à l’intention du chien : Dors, Grizzli ! On s’arrête tout à l’heure… On va pique-niquer, c’est bien ça, Papa ?

-On est bientôt arrivés ? commença le garçon d’un ton plaintif. J’veux aller à la mer, moi ! Y’en a marre de la voiture ! LA MER, LA MER !

-Le pique-nique d’abord ! coupa le père, tandis que la mère, ses écouteurs vissés aux oreilles, n’entendait déjà plus rien de ce qui pouvait se dire.

-Non, la mer ! »

Un regard noir du père, que le rétroviseur laissa apercevoir au garçon, suffit néanmoins à persuader ce dernier que son insistance risquait de lui coûter cher.

Après une hésitation, la fillette finit par murmurer, de sa toute petite voix toujours triste :

« Papa… Maman… Je crois que je commence à avoir un petit peu faim…

-Ah ! Ne t’inquiète pas, ma chérie ! On ne devrait pas tarder à s’arrêter ! s’exclama joyeusement le père.

-D’accord… Merci Papa... »

Le garçon fit semblant de ne rien avoir entendu, rien remarqué. Il boudait. Son ventre commençait à gargouiller, la petite fille le savait et faisait semblant de l’ignorer. Et, devant, la mère écoutait toujours sa musique sur son lecteur MP3.

« Ah ! Que pensez-vous de cet endroit-ci ? C’est très mignon, n’est-ce pas ? »

Le père arrêta la voiture à la lisière d’une forêt. N’était-ce pas lui qui affirmait pourtant détester les arbres ?

« On va dans les bois ? s’étonna la fillette.

-Oui, ma puce ! »

Le père lui souriait.

            Grizzli, attaché au pied de l’arbre par la corde, contemplait avec avidité la nourriture que se partageaient devant lui ses maîtres adorés. Le père veillait au grain, il ne fallait pas que l’on dévore le repas et que la nourriture vienne à manquer… Sa femme officielle était au chômage, tout comme les quelques autres qu’il avait pris l’habitude de fréquenter, en secret. Le budget familial diminuait encore avec les enfants qui grandissaient. Sa fille chérie, et l’autre, le garçon. Ce n’était pas son fils, il suffisait d’un regard pour le comprendre. Il nourrissait l’enfant d’un autre, et c’était encore ce qui le dérangeait le plus. Il avait ainsi, selon lui, une excellente raison d’être totalement indifférent à l’égard du garçon.

            Le chien aboya, encore une fois. Comment, pas un seul petit reste pour lui ? Le père rangeait déjà tout, et la famille remontait les maigres provisions dans la voiture. Les enfants allaient le détacher quand la mère, qui pour une fois faisait attention à ce qui l’entourait, leur fit signe d’entrer à leur tour dans le véhicule. Ils obéirent, malgré une courte hésitation. Pourquoi refusait-on qu’ils détachent le chien tout de suite ?

A peine la portière de la voiture claquée, elle était déjà verrouillée par le père, qui démarra en trombe, sans vérifier que son enfant était bien assise sur son siège, et attachée. La fillette hurla le prénom du chien, aussitôt imitée par son demi-frère. Et Grizzli, derrière le véhicule qui vivement s’éloignait de lui, toujours sagement attaché à son arbre, entamait la longue attente.

            Les maîtres étaient partis. Non, bientôt, ils seraient de retour, c’était absolument certain ! Ils l’avaient juste oublié, avec les vacances, la mer, ils étaient pressés d’arriver… Mais les enfants s’en rendraient compte, ils étaient gentils les enfants ! Les maîtres reviendraient, confus, ils se jetteraient sur lui, ils le serreraient dans leurs bras, en le félicitant de son attente, en répétant son prénom « Grizzli, Grizzli ! ». Oui, bientôt… Le chien s’allongea au pied de l’arbre. La corde était courte. Vraiment trop. Elle le gênait. Mais ce n’était pas grave, car bientôt il serait libéré par ses maîtres ! Il se redressa, et, lentement, fit quelques pas. Il pouvait à peine s’éloigner du tronc. Mais peu importait ! Car les maîtres, bientôt, seraient de retour ! Et à son oreille, de nouveau, résonnait son prénom, comme un petit mot qui veut dire la joie de vivre « Grizzli, Grizzli ! ».

Et pour ce nom, qu’il ne devait plus jamais entendre de sa vie après le double-hurlement des enfants, il grogna contre les rares personnes qui tentèrent de l’approcher pour le détacher. C’était son arbre. S’il partait, comment els maîtres le retrouveraient-ils ? « Grizzli, Grizzli ! » Oui, car, bientôt, ils seraient là, tous heureux d’enfin le retrouver, lui qui était resté si sage, près de l’arbre où ils l’avaient oublié, malgré les autres humains. « Grizzli… » Ce nom que la petite fille avait hurlé une dernière fois avant de disparaître à jamais, loin de lui.

Publicité
Publicité
Commentaires
Un Grand Bazar
Publicité
Archives
Un Grand Bazar
Albums Photos
Publicité