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Un Grand Bazar
4 février 2007

Anaïs

Larmes_de_sang

Bon, j'approche tranquillement du moment où j'aurai plus de textes en réserve (en fait, il m'en reste une bonne dizaine, vu que j'en ai écrit de nouveaux en plus -__-'), donc devrait pas tarder à y'avoir plus de temps entre deux textes publiés ici...

C'est encore un texte qui date un peu, bien sûr... Mais bon, c'est aussi quelque chose que certains de mes amis les plus courageux (oui, c'est tordu, vous comprendrez en lisant pourquoi il faut du courage -__-') ont bien aimé... Alors, voilà... ^__^' Pour vous =D

Anaïs

Anaïs sortait rarement. Voire même jamais. En fait, elle vivait enfermée, chez elle, et s’ennuyait à longueur de journée. Elle n’avait même pas d’animaux de compagnie. Ses parents refusaient de lui en acheter. Pourtant, elle aurait tant voulu un chat…
« Tu sais bien que tu ne peux pas avoir d’animaux de compagnie, Anaïs, enfin ! disaient-ils. C’est pour la même raison que tu ne dois pas sortir de la maison, tu le sais aussi ! Alors, pourquoi réclames-tu ? »
Anaïs était triste. Elle était malade. Elle ne pouvait pas aller jouer dehors avec les autres enfants, elle ne pouvait pas aller à l’école, elle ne pouvait pas avoir d’animaux à la maison pour lui tenir compagnie. Ses parents s’approchaient peu d’elle, ne la serrait jamais dans leurs bras. Ils avaient peur de sa maladie. C’était, disaient-ils, une maladie « incurable ». Et « unique », aussi. Ca voulait dire que personne ne pouvait la soigner, donc elle n’avait même pas besoin d’aller voir un docteur. C’était « dans ses gènes », précisaient-ils parfois. Et personne à part eux ne savait qu’elle était malade. Voire même qu’elle existait. Quand ses parents invitaient des amis, pour la plupart des collègues du laboratoire où ils travaillaient sur la sécurité des centrales, elle était enfermée dans sa chambre, avec pour unique ordre de ne pas faire de bruit. Avant, elle avait du mal, à ne pas faire de bruit. Et quand elle faisait un peu de bruit, Papa la grondait et l’enfermait dans sa chambre, sans manger, pendant très longtemps. Elle ne pouvait même pas sortir pour aller aux toilettes ! Mais elle savait qu’elle avait quand même de la chance, parce que Papa et Maman ne la battaient jamais, à cause de sa maladie. Anaïs avait vu beaucoup de films où des enfants de son âge étaient battus par leurs parents. Mais elle, jamais ! C’était le seul avantage de la maladie. Mais petit à petit, Anaïs avait fini par ne plus avoir peur de Papa et Maman. Elle savait qu’ils ne lui feraient pas de mal. Parce qu’ils avaient peur d’elle, parce qu’ils avaient peur de sa maladie. D’ailleurs, à cause de sa maladie, des fois, elle perdait un peu la mémoire, et elle oubliait des choses, mais elle finissait toujours par s’en souvenir. Et elle venait de se rappeler qu’elle n’avait réellement rien à craindre de Maman. Alors, aujourd’hui, Anaïs avait menacé Maman de la toucher avec sa maladie si elle fermait encore la porte avec le verrou haut. Parce que, Anaïs, elle savait que le verrou haut, elle était trop petite pour l’ouvrir. Maman avait eu peur. Et elle pensait peut-être que Anaïs ne savait pas où étaient les autres clés. Alors elle n’avait pas fermé le verrou haut, en partant. Mais quand Maman était partie, Anaïs elle était allée chercher les clés. Parce qu’elle savait où elles étaient. Elle s’en était souvenue. Et elle avait ouvert la porte. Puis elle était sortie. Elle voulait voir le « dehors ». Elle l’avait déjà vu, avant, quand elle vivait dans une autre vie, elle le savait, elle s’en souvenait. Mais ça avait changé. Pas beaucoup. Un peu. C’était pas les mêmes personnes, ni les mêmes bâtiments… Alors Anaïs, elle s’était promenée un peu, pour visiter la ville qu’elle connaissait pas vraiment. Elle avait un peu peur que les autres, ceux qui sont comme Papa, Maman et elle, et comme elle mais aussi comme Papa, mais différents en même temps, ils voient sa maladie. Alors elle avait fait attention. C’était pas dans la rue que les autres devaient voir sa maladie, parce que ça leur ferait peur. Elle le savait. Puis elle avait vu un grand jardin. « Un Parc », elle savait que ça s’appelait comme ça… Elle le savait parce que, dans les Parcs, il y a toujours des « comme elle », et des « comme elle mais aussi comme Papa ». Elle se souvint soudain qu’on les appelait des « filles » et des « garçons ». La mémoire lui revenait de plus en plus vite… Ils jouaient tous avec un « ballon de foot ». C’est Papa qui disait que ça s’appelait comme ça. Elle le savait parce qu’il regardait souvent des « match de foot » à la télévision. Anaïs entra dans le Parc cet s’assit sur le sol pour pouvoir les regarder jouer. Elle aurait bien aimé pouvoir les rejoindre. Elle savait jouer au foot, elle s’en souvenait. Soudain, un petit garçon sortit du groupe et s’approcha d’elle, avec un grand sourire.
« Dis, tu viens avec nous ? L’équipe des filles est nulle, avec toi, elles seront une de plus que nous, elles ont pas une chance de gagner, autrement ! Tu sais jouer au foot, d’ailleurs ? »
Il avait tendu la main pour l’aider à se relever. Elle allait s’y appuyer quand elle se souvint qu’elle état malade. Le petit « comme Papa » la regarda avec surprise.
« Ben alors, tu viens ou pas ? »
Anaïs resta silencieuse. Elle voulait aller jouer avec eux, mais... Elle était malade ! La mémoire revenait doucement, et elle se souvint confusément qu’elle avait aussi envie qu’ils voient sa maladie. Elle l’avait déjà voulu, avant. Qu’ils sachent tous qu’elle était malade. Elle avait aussi en même temps très peur.
« Ah, tu sais pas jouer au foot, c’est ça ? Bah, si c’est que ça, je peux t’expliquer, tu sais ! Si tu veux bien jouer avec nous, bien sûr… »
Elle hésita encore, tête baissée, évitant ainsi de croiser le regard du garçon afin de lui cacher cette lutte intérieure qui l’agitait. Elle était malade… Mais pourtant… Elle voulait aller jouer avec eux ! Le petit garçon la regarda un instant, puis lui demanda doucement, en chuchotant, comme si il s’était agi d’un grand secret :
« Tu es muette, c’est ça ? Ma petite sœur aussi, elle est muette, elle parle jamais, comme toi… Maman dit que c’est à case d’une maladie, et qu’il faudrait un miracle pour qu’elle parle… Je sais pas trop ce que c’est un miracle, mais si ça peut guérir ma petite sœur… »
Anaïs sursauta au mot « maladie ». Donc elle n’était pas la seule à être malade ? Elle ne se souvenait plus, déjà… Elle se leva d’un bond, mais trébucha. Le petit « comme Papa » se précipita vers elle, pour l’empêcher de tomber. Anaïs voulut lui hurler de ne surtout pas la toucher, par réflexe, mais il était déjà trop tard. Elle tomba évanouie.
Anaïs ouvrit les yeux. Tenta de se lever, avant de retomber lourdement sur le sol. Autour d’elle, il y avait tout un attroupement, qui discutait apparemment de son évanouissement.
« Oui, quand il l’a touchée, ils se sont effondrés, en même temps…
- Quelle horreur ! Sûrement un de ces satanés résidus d’énergie nucléaire de la centrale qui a explosé non loin d’ici il y a quelques années… Il ne faut pas rester ici !
- C’était il y a plus d’un demi-siècle, aux environs de l’an 2014, je crois… Aucune chance que…
- THOMAS ! Oh ! Mon Thomas ! Mon petit Thomas ! Tu es réveillé ! Enfin ! Mon Thomas ! »
Anaïs tourna la tête vers la voix. Une femme arrivait en courant. Elle se jeta sur Anaïs en pleurant et la serra dans ses bras à l’étouffer.
« Oh, mon Thomas ! J’ai eu si peur ! »
Anaïs sourit, puis se tourna vers le corps étendu au sol à ses pieds. Le corps d’une fillette d’à peine huit ans aux longs cheveux noirs en bataille, habillée d’une jolie robe bleue, et qui gardait les yeux clos. Son corps à elle… Elle sourit encore une fois. Pour l’instant, sa « maladie » n’était pas encore « activée » dans son nouveau corps. Elle allait pouvoir profiter quelques temps de sa nouvelle vie en tant que « Thomas », une vie « normale ». Ensuite, Papa et Maman finiraient bien par la retrouver. Comme toujours. Elle regarda son ancien corps. C’était dommage pour le vrai Thomas, désormais prisonnier d’un corps sans vie, il avait été si gentil avec elle… Elle regrettait presque de lui avoir volé son corps, ses souvenirs, et sa vie. Anaïs sourit encore une fois. Papa et Maman n’étaient pas dotés de son pouvoir, en fait, depuis l’explosion de la centrale nucléaire dans laquelle ils avaient travaillé, ces deux scientifiques s’étaient vu offert la jeunesse éternelle, ainsi que le don d’effacer les souvenirs. Mais ils avaient de moins en moins de force, contrairement à elle. Un jour, elle finirait par les dévorer, comme les autres… Anaïs réfléchit. Elle n’aimait pas les corps des garçons. Sûrement parce que, à l’origine, elle était une fille. Il lui fallait un autre corps, le plus tôt possible.
« Maman ? demanda-t-elle à la mère de Thomas, avec laquelle elle s’éloignait du Parc. Quand est-ce que je pourrais revoir ma petite sœur ? Je suis sûr que le nouveau super pouvoir que j’ai gagné devrait l’aider à parler, maintenant ! Oui, j’en suis persuadé ! J’ai hâte d’essayer… »

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