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Un Grand Bazar
4 février 2007

Merveilleux monde

PaysageTotalement en bloc, cette fois (oui, j'aime pas soigner les présentations, j'y arrive jamais -__-')... C'est un peu vieux, et je l'avais écrit en écoutant une musique dont je voulais redonner le nom, mais j'ai déjà oublié ce que c'était =D

En ce qui concerne l'image... Hé bien, finalement, en voici une qui convient, vide, froide...
Bonne lecture =)

Merveilleux monde

Mat était dans sa chambre. Il attendait. Il avait le regard absent, il voyait tout, mais ne regardait rien, entendait tout, sans rien écouter. Il était assis sur son lit, mais il n’en était même pas conscient. Il attendait. Il ignorait ce qu’il attendait. Il ignorait depuis combien de temps. En fait, il ignorait même qu’il attendait. Il somnolait, assis sur son lit, dans l’attente de « quelque chose » qui ne viendrait sûrement jamais… C’était tout.
Soudain, la radio s’alluma, tandis qu’une sirène d’alerte retentissait dans le lointain. Cela le fit sortir de sa léthargie. Un communiqué « important », sûrement du gouvernement. Il entendit le présentateur, ainsi que l’écho de sa voix dans chacune des pièces de ce petit appartement et des autres, séparés par de minces cloisons que tout bruit traversait, annoncer que le président adoré du peuple avait une importante déclaration à faire aux habitants de ce bon pays. Mat aurait évidemment préféré éteindre la radio, mais il ne pouvait pas. Il était obligé d’attendre la fin de cet ennuyeux discours qui ne le concernait pas vraiment, et ne l’intéressait en rien. Il soupira. Se leva de son lit, fit trois pas dans sa chambre, hésita, puis, finalement, retourna en arrière et se laissa tomber sur le matelas, assis. Il ne savait pas quoi faire, de toutes façons. Alors il écouta.
Le président auto-proclamé venait d’annoncer que les nouveaux laboratoires scientifiques installés dans certaines des prisons (dont la liste, précisait-il, venait juste d’être agrandie de trois nouveaux noms) « dans un but d’amélioration des conditions de vie et d’hygiène des prisonniers, ainsi que de leur santé, car ils pourraient ainsi bénéficier des médicaments tout nouvellement créés » allaient être mis en service dès le lendemain. Mat ne dit rien. Aux dernières nouvelles, la prison où se trouvait le reste de sa famille ne faisait pas partie des « réservoirs à cobayes ». En tout cas, pas encore…
Enfin, le discours se termina, et une jeune chanteuse, étoile montante de la musique, entama son dernier grand succès, « Merveilleux monde ». Elle était évidemment payée par le gouvernement et sa chanson constituée une sorte de propagande, mais les gens faisaient comme si ils l’ignoraient. Sa voix était merveilleuse, tout comme ce monde qu’elle chantait.
A la fin de la chanson, que Mat fredonnait doucement, la radio s’éteignit avec un « clic » sonore, tandis que toutes les autres radios de la ville (mis à part celles qui étaient allumées avant le discours du dictateur) s’éteignaient en même temps. Le calme était revenu dans l’immeuble. L’adolescent se laissa tomber en arrière sur son lit. Il étouffa un cri de surprise, se redressa d’un bond, et se massa le dos. Un regard furieux vers son lit… Mais quelle idée, aussi, de laisser traîner sa console de jeu portable n’importe où ! Enfin, une console de jeu portable… C’était une véritable antiquité, un vieux Gameboy Color sorti d’une époque lointaine, inaccessible. Sa mère prétendait que l’objet avait appartenu au père de la Grand’ma. Mat ne la croyait qu’à moitié. Et cet objet légendaire impressionnait les filles… Surtout Anna, en fait… Il sentit que ses joues s’empourprer. Il pensait trop à elle…
Il saisit le Gameboy avec délicatesse et la posa doucement au sol. Il ne faut pas violenter les antiquités. De plus, les anciens jeux vidéo, ainsi que les vieilles consoles, étaient strictement interdits. Mat, comme tout les garçons de son âge, possédait une console « offerte » par le gouvernement, la L.A.... Sous ces deux lettres énigmatiques se cachait « Lumière Amusante », de son vrai nom. Tout le monde trouvait cela idiot, et Mat ne faisait pas exception à la règle. En fait, il y avait bien des gens pour trouver ce nom ridicule « amusant ». C’était les membres du gouvernement eux-mêmes, qui le trouvaient parfait. Et dans une dictature, on ne contredit jamais le pouvoir. Les habitants, entre eux, murmuraient que l’imbécile heureux qui avait trouvé ce nom avait dû souhaiter absolument utiliser les initiales de la vieille ville de Los Angeles, détruite par une bombe atomique, justement envoyée par leur pays, un demi-siècle plus tôt. Quant à Mat, il pensait qu’un nom tel que « Lente Agonie », pour garder les mêmes initiales, aurait mieux convenu à cette chose si généreusement offerte par le gouvernement. Si la console était la seule autorisée, c’était évidemment parce qu’elle était la seule à n’accepter que des « jeux » qui n’étaient, de toute évidence, que de la propagande. C’était certainement le moyen le plus simple de rallier à la cause du pouvoir en place les jeunes qui s’ennuyaient. Et il y en avait beaucoup.

Mat avait jeté au sol tout les objets qui jonchaient la couverture de son lit, et s’était finalement assoupi. Quand il se réveilla, ce fut pour se souvenir qu’il avait rendez-vous avec des amis. Il devait y être à 15 heures. Il avait hâte de revoir Léna, Cédric, Quentin, Jeff… Et Anna, surtout… Elle était tellement belle ! Et tellement gentille… Il rougit un peu en pensant à elle. Non, il devait se concentrer sur la réunion ! Ne pas penser à son sourire… La réunion seulement ! C’était l’une de leurs dernières réunions hebdomadaires, leur plan était presque prêt… Récemment, il y avait eu des groupes comme le leur qui avaient été arrêtés dans les villes proches. Le gouvernement avait depuis longtemps interdit les réunions entre jeunes en dehors des écoles ou des « camps d’éducation de la jeunesse ». Il s’agissait en réalité d’un véritable « bourrage de crâne » de la jeunesse, où l’on parlait, entre autres, de la prétendue « situation désastreuse » des autres pays, pour convaincre les jeunes de la perfection du très glorieux état où ils avaient l’immense chance de vivre, heureux. C’était un véritable plan de propagande qui s‘était mis en place ces dernières années. Mat n’y allait jamais. Il se mit à chantonner « Merveilleux monde », cette chanson qui portait tout ces espoirs… Il voulait voir un jour ce monde ! Et la fin du règne de la terreur…
L’adolescent repensa soudain à l’injuste arrestation de son père, à laquelle il n’avait d’ailleurs même pas assisté, tout lui ayant été raconté par ses deux frères cadets et sa mère peu après. Il savait que son père avait été envoyé en prison pour la seule raison d’avoir demandé son chemin à une petite vieille, alors qu’il devait se rendre dans un lieu dont il ignorait l‘emplacement. Il ignorait bien sûr à ce moment-là que la vieille en question appartenait à la classe des privilégiés, ceux dont les familles avaient fait fortune en dénonçant un ou plusieurs « rebelles », et qui étaient ensuite « aidées » par le pouvoir pour leur dévouement à la patrie. Personne ne les aimait. Son père s’était approché, elle avait hurlé, appelé la police, crié qu’on voulait la détrousser, et sûrement la tuer ! Il s’était sauvé en courant, en comprenant que cet acte suffisait pour l’envoyer en prison. Il avait semé les hommes qui étaient à ses trousses. Le soir même, quand il rentra, ce fut pour être cueilli par les policiers, dans son propre appartement, devant sa femme et deux de ses trois fils. Mat, pendant ce temps, était à une réunion, et c’est ce qui le sauva. Sa mère lui donna des consignes très strictes après lui avoir raconté l’arrestation, puis l’obligea, dès son retour, à se cacher jusqu’à ce que l’on vienne la chercher, elle et ses deux plus jeunes fils. On vint. Mais on ne trouva pas Mat. En réalité, on ne le chercha même pas, sa mère ayant expliqué qu’il avait fugué plus d’une semaine avant l’arrestation du père au moment où les policiers l‘interrogèrent. Mensonge crédible, puisqu’il n’allait plus à l’école depuis une semaine, mensonge confirmé aussi par les deux jeunes garçons. Et maintenant, cela faisait déjà plusieurs semaines que personne ne l’avait vu. Et si on l’avait vu, dans le voisinage, on se gardait bien de le retenir. Tous dans cette petite ville connaissaient l’existence des réunions secrètes qui avaient lieu parmi des groupes de jeunes un peu partout dans les environs, en vue de faire naître la Révolution, de la porter jusqu’à la Capitale, et d’enfin sortir le pays de cette léthargie ! Les jeunes devaient être ceux qui brandiraient en premier les drapeaux rouges.
Mat sortit soudain de ses pensées. Quel idiot ! Il fallait vite réaliser le Plan, seul moyen d’aider au mieux la Révolution, qui grondait doucement, et lentement commençait à se montrer… Il la sentait partout, présente… « Merveilleux monde »… Il le verrait ! Oui, il ferait parti de ceux qui feraient enfin vivre ce monde ! Et il reverrait ses parents ! Il se saisit du Gameboy Color, qu’il glissa dans son sac à dos beige. Il chercha des yeux le portable de son grand-père, inutilisable, certes, car il n’y avait plus de forfait depuis des décennies, mais qui pouvait malgré tout prouver sa présence dans l’appartement et le faire arrêter. Il finit par le retrouver, coincé entre son lit et le mur, et le jeta aussitôt dans son sac, avec le Gameboy Color. Il fit un tour rapide de l’appartement, ne trouva rien qui eut pu montrer à d’éventuels visiteurs imprévus qu’il était encore habité, et soupira de soulagement. Il craignait les perquisitions plus qu’autre chose, et elles pouvaient avoir lieu durant son absence. Dans ce cas-là, si quoi que ce soit prouvait que « quelqu’un » était là, la police se contenterait d’attendre son retour pour le cueillir et l’envoyer en prison. Et la Révolution n’aurait pas lieu avec lui. Sa mère lui avait conseillé, pour éviter cela, de récupérer Gameboy et portable avant de sortir, ces objets étant trop précieux pour être laissés derrière soi par un fugueur, ce qu’il était sensé être, et d’effacer, par tout les moyens possibles, tout signe de vie relativement récent, qui aurait pu alerter la police. Il n’était jamais sûr de ne rien avoir oublié, mais pour l’instant, il n’y avait pas eu de perquisitions. Ou alors, elles n’avaient pas laissé de traces.
Enfin, quand tout lui sembla parfait, il se faufila à l’extérieur de l’appartement, dans un silence qu’il savait n’être qu’une précaution inutile. Aucun des voisins ne le dénoncerait. Il devait aller à la réunion… Retrouver Léna, Quentin, Cédric… Et la belle Anna… Il rougit légèrement. Il devait participer à la Révolution, pas de temps pour les sentiments ! C’était ce que Jeff, leur guide, leur disait chaque fois. Il avait la trentaine, et de l’argent, mais préférait travailler dur pour libérer le peuple opprimé plutôt que de profiter de sa fortune, qu’il avait acquise d’une manière un peu mystérieuse. Anna pensait qu’il s’agissait d’un héritage, Mat avait donc finit par croire de même. Elle était tellement intelligente, Anna… Et Jeff aussi ! Tous, ils le respectaient, comme on respecte un guide, un chef, un dieu… C’était un peu ce qu’il était pour eux.
Mat était maintenant dehors. Il rasait les murs de son immeuble, prêt à se cacher au moindre son étranger ou au moindre uniforme de policier. Soudain, il aperçut le panonceau où se trouvaient affichés les noms des prisons-laboratoires, écrits à la machine. Mais en dessous de la vingtaine de noms imprimés se trouvaient trois nouveaux noms. C’était eux qui avaient attiré le regard de Mat. Il s’en approcha, sans plus faire attention aux alentours. Ils avaient été ajoutés au stylo, récemment. Trois noms en écriture manuscrite. Et parmi eux, le nom de la prison où se trouvait désormais sa famille.
Mat courait droit devant lui. Il fallait faire vite, les sauver, les sortir de là avant qu’il ne soit trop tard ! Vite, courir ! A ses oreilles semblait résonner la chanson « Merveilleux monde »… Et il continuait de courir, toujours plus vite. Il avait déjà dix minutes de retard. Il était resté choqué devant le panonceau, incapable, pendant quelques minutes, de faire quoi que ce soit, refoulant comme il pouvait les larmes qui venaient. Il avait entendu la sirène d’une voiture de police. Il s’était sauvé… Juste à temps.
Il continuait de courir, toujours tout droit, fredonnant désormais, sans même s’en rendre compte, la chanson qu’il avait entendue à la radio. Il courait, droit vers le hangar où avaient lieu les réunions, dans lequel il s’engouffra sans même se rendre compte qu’il chantonnait, ou même que le hangar était anormalement silencieux. « Merveilleux monde »… Soudain, il buta sur quelque chose. Il baissa les yeux, aperçut ceux d’Anna, vides… Il recula, horrifié, se heurta à quelque chose, se retourna… C’était Jeff. Il fit un pas en direction de la porte, mais son guide lui fit « non » de la tête, puis lui montra l’autre côté du hangar. Mat se retourna, paniqué. La police les avait attendus. Ils avaient été trahis ! Mais, par qui ? Qui avait osé… Soudain, il comprit. Il su tout… Un regard en arrière lui apprit qu’il ne se trompait plus. Il su que la richesse de Jeff n’était pas un héritage, comme le pensait sa très chère Anna, à laquelle il n’avait rien su dire, et qui semblait maintenant l’accuser de son regard vide. S’il lui avait dit, peut-être auraient-ils cessé de prendre des risques inutiles ? Mat releva la tête. Il ne dit rien. Mais il maudit mentalement la dictature, le pays, la vie… et les traîtres… Et Jeff, à cause de qui il avait vu le cadavre d’Anna, son regard vide… Une détonation. Le coup de feu partit. Mat s’écroula, un trou écarlate en plein milieu du front. Il ne reverrait jamais ses parents. « Merveilleux monde »…

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Commentaires
T
*essaye de reprendre son souffle*<br /> Ynafffff, c'est vrai tu vas nous rendre accro à tes textes, car j'en lis un pis un autre pis encore alors que je devrais être en train de cravailler xD
R
Brr, toujours cette drôle d'impression à la fin qui donne envie d'enr elire une autre :) Très jolie :)<br /> Gros bisous
Y
Trutrudeuuh ! 0__0<br /> <br /> *serre la koalette dans ses bras, l'étranglant à moitié*<br /> <br /> Merciiiii !!! >___<
T
Très jolis texte Mam'zelle Ynafffffffff
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